11-08-2025
La préparation
Bertrand Godin a plusieurs choses à m'apprendre avant que je puisse même penser à m'installer dans un des karts de location de SH Karting. On s'assoit donc à une table de pique-nique, en bordure de la piste, laquelle est aménagée tout près du mont Saint-Hilaire, à Saint-Charles-sur-Richelieu.
D'entrée de jeu, M. Godin aborde les règles de sécurité, trop souvent ignorées par des gens « qui arrivent ici et se disent : je vais tous les clencher ! ». Humilité, vigilance et respect sont les mots d'ordre. « On ne veut pas seulement que les gens mettent leur casque, mais aussi qu'ils mettent leur tête dans le casque ! », s'exclame M. Godin dans un rire.
En temps normal, dans un kart de compétition, les pilotes portent des protège-côtes ; l'adhérence est telle que les côtes peuvent se casser. Tant que ça ? « Tant que ça. C'est hallucinant », lâche notre enseignant.
« Plus ça colle, plus c'est physique, ajoute-t-il. Tu fais 10 tours et il y a des gens qui sont complètement lessivés. »
Penses-tu que je vais être brûlée tantôt ? je demande. « Tu vas avoir chaud ! », me prévient-il.
Il est maintenant temps de nous pencher sur les grands enseignements. Le pilotage est directement lié au sens de l'observation, explique M. Godin. C'est « savoir où regarder à quel moment ». Comme exemple, il utilise le jeu Tetris.
« Quand les blocs commencent à s'empiler, tu as l'impression que ça va plus vite. Mais ça ne va pas plus vite ; tu as moins de distance pour voir, analyser et passer à l'action. C'est la raison pour laquelle il faut que tu voies l'ensemble. »
PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE
Le pilote et chroniqueur automobile Bertrand Godin
Le pilotage, c'est aussi de la géométrie en déplacement : savoir te positionner de façon à pouvoir accélérer le plus tôt possible.
Bertrand Godin
Quand M. Godin aborde l'importance de savoir bien « prendre un virage », je lui explique que c'est exactement ce qui me cause de la nervosité ce matin. « Là, on tombe dans le deuxième engrenage de la conduite : le facteur humain. Le stress », me dit-il.
C'est là qu'entre en ligne de compte le principe d'attention sélective par rapport à l'attention partagée. « Dans Tetris, si tu regardes le bloc jusqu'en bas, viens-tu de t'enlever du temps pour voir l'autre bloc ? Oui. Tu ne peux plus rien faire. »
En gros, l'idée est d'avoir une attention partagée entre ce qui s'en vient devant moi et ce qui suit. « Pour aller chercher ta précision, si tu ne regardes pas assez à l'avance ton point d'entrée, ton point de corde et ton point de sortie – c'est ça qui détermine ta trajectoire –, tu vas manquer le virage. »
En résumé, « c'est toujours les yeux avant les mains ».